On ne savait pas qu’on avait droit à une subvention. Les gens chez Adèle m’ont tout expliqué et m’ont aidé à l’obtenir. Je vous dis : ce sont des gens très fiables et ben fins.
Faire des affaires (et le ménage) en France
Yvon Laprade
La Presse
Devant l’imminence d’un accord économique et commercial global (AECG) entre l’Union européenne et le Canada, les entreprises québécoises peaufinent leurs stratégies pour conquérir de nouveaux marchés outre-mer. Les signaux sont positifs, comme l’a exprimé à la mi-mars le premier ministre français…
Ouvrir des franchises en France est une chose; investir seul ou avec l’aide d’un partenaire européen en est une autre. Julie Bergevin et Gaétan Migneault ont misé sur le partenariat, avec un associé «local», parce qu’ils voulaient s’assurer d’avoir tous les atouts en main pour réussir leur percée dans l’Hexagone.
«Nous sommes perçus comme une entreprise canadienne qui a une couleur locale très forte, et cela est attribuable à la présence sur le terrain de notre partenaire français», résument les copropriétaires du Groupe Adèle.
L’entreprise lavalloise vient tout juste de débarquer en France, avec vadrouilles et balais, pour y faire des affaires et le grand ménage. Elle compte créer jusqu’à 3500 emplois sur cinq ans avec son concept d’entrepreneurs franchisés dans les services ménagers. L’objectif avoué: développer une Adèle «made in France» en s’appuyant sur le succès de la PME québécoise créée il y a 19 ans et qui compte sur un réseau de plus de 125 franchisés.
Pour accélérer sa pénétration du marché, la société française aura recours à une quinzaine de «masters franchisés» qui vendront des franchises, en plus de former les nouveaux membres de la famille élargie. Comme au Québec, Adèle en France entend vendre les franchises clés en main.
«Nous avons la volonté ferme de réussir dans ce marché prometteur et nous savons que notre concept va marcher, prédisent-ils. Nous nous y sommes bien préparés.» Enthousiastes à souhait, Julie Bergevin et Gaétan Migneault ne «ménagent» par les superlatifs pour parler de leur projet. Ils visent d’abord la France, mais ils ont aussi des visées sur six autres pays d’Europe.
Passer dans les recoins
Les deux copropriétaires voient ainsi leur projet se matérialiser après plus de deux ans de démarches pour tout mettre en place. «Investir en Europe, ça n’a rien à voir avec une expansion dans une province canadienne, conviennent-ils. Il faut prévoir de nombreux allers-retours pour voir si tout se passe comme on le souhaite. Il faut enregistrer nos marques de commerce, trouver des avocats, des comptables, des fiscalistes. Ça demande de la patience et une compréhension plus fine de toute la réglementation.»
De façon imagée, Gaétan Migneault souligne qu’ouvrir un compte bancaire en France, «ça peut ressembler au parcours du combattant et aux Douze travaux d’Astérix».
Pourquoi avoir décidé d’exporter le concept québécois chez nos voisins français? «Tout s’est passé très vite, admettent-ils après coup. C’est après avoir participé à Expo Paris 2010, dans le cadre d’une mission organisée par le Conseil québécois de la franchise, que nous avons décidé de foncer. Il y avait constamment des files d’attente à notre kiosque. De toute évidence, notre concept était attirant.» Dès lors, ils se savaient sur la bonne voie.
La suite des choses a consisté en une série d’actions concrètes. Le Groupe Adèle a été mis en contact avec l’Agence française pour les investissements internationaux, dont le rôle est de cibler et d’accompagner des entreprises de l’étranger qui ont des projets d’investissement, d’implantation et de création en France.
Les Québécois sont bien perçus par le milieu des affaires en France. «Nous jouissons d’un fort capital de sympathie, constatent-ils. Nous sommes reconnus comme des fonceurs, des gens qui innovent et qui sont structurés. En plus, on parle français et notre accent est attrayant!»